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On en parle de plus en plus, ces dernières années. Les blogs, articles, conférences et livres fleurissent sur ce concept pourtant ancien. L’un des livres les plus connus sur le sujet : « Zero Waste » de Béa Johnson a fait de cette femme, l’image de ce mouvement.
Mais finalement, qu’est-ce que le zéro déchet ?
C’est une démarche personnelle qui consiste à réduire les déchets que nous produisons et, par conséquent, diminuer notre impact négatif sur l’environnement.
Devant les enjeux majeurs des prochaines décennies, le mouvement du zéro déchet assemble les différentes problématiques en un ensemble cohérent. L’écologie et l’environnement sont au centre de la démarche, mais l’économie aussi. Plongés dans les affres de la société de consommation, nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience qu’il faut changer les choses. Les changer maintenant.
Et si pour changer le monde, il nous suffisait de commencer par nous changer nous-même ?
Il faut totalement repenser notre manière de consommer. Je ne dis pas que c’est le seul remède aux problèmes dont souffre notre monde, mais c’est un début, une première pierre sur le chemin d’un changement encore plus vaste. Le zéro déchet repose essentiellement sur des changements qui peuvent être faits par chacun sans aide extérieure.
A mon sens, il ne sert à rien d’attendre que des politiciens prennent le sujet en main, les intérêts économiques sont beaucoup trop importants dans le financement des partis pour qu’il y ait une véritable envie de faire changer les choses. Alors c’est à nous de prendre en main notre destin. A nous de changer le monde pour nos enfants et les enfants de nos enfants, pour que la vie soit possible sur terre à l’avenir.
Le zéro déchet repose sur 5 grands principes, les 5R.
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Le terme zéro déchet est volontairement provocateur. Il est bien évident que c’est un but à atteindre, mais pour y arriver le chemin sera long et pavé d’embuches. Au fond, il s’agit d’adopter l’état d’esprit, de changer profondément son mode de consommation et de prendre conscience des enjeux majeurs.
Le zéro déchet peut être, comme ce fut le cas pour moi, la première étape sur la voie du minimalisme. Je dis bien première étape car dans ces deux domaines, j’ai encore beaucoup de progrès à faire et de très nombreuses choses à apprendre.
Se tourner vers le zéro déchet, ce n’est pas, contrairement à ce que j’ai entendu souvent, revenir en arrière et retourner à l’âge de pierre. Ce n’est pas se priver non plus. Le zéro déchet, c’est redevenir acteur de sa consommation, être un vrai consom’acteur. En refusant, en s’allégeant, on retrouve plus de liberté et donc plus de choix. Ne plus vivre dans le consumérisme et l’excès ne signifie pas vivre comme un ascète. C’est comprendre que nous ne sommes pas ce que nous possédons et par conséquent choisir la voie du milieu.
Les 5R
Pour commencer, il faut refuser tout ce dont nous n’avons pas besoin. C’est une étape éminemment compliquée, car nous sommes, d’une certaine façon, formatés par la société et les médias. Le marketing nous vend toujours plus de fausses bonnes idées pour que nous continuions d’acheter.
Refuser est crucial car cela va permettre d’alléger considérablement ce qui entre chez vous. Ce que nous ne consommons pas n’a pas besoin d’être jeté. Toutefois, il n’y a pas que ce que nous pouvons acheter qu’il faut considérer, mais aussi ce qu’on nous donne, échantillons, cadeaux événementiels, publicités dans la boîte aux lettres…
Refuser est un acte fort.
Nous affirmons notre souci pour l’environnement. En refusant le sucre et le biscuit emballés, nous faisons comprendre que nous ne souhaitons pas consommer ces produits car ils sont générateurs de déchets. Au contraire, tout ce qu’on accepte fait augmenter la demande et donc, nous envoyons le signal que la pratique du gâchis de ressources est tolérable.
A mon avis, refuser est l’habitude qui demande le plus de temps à comprendre pour pouvoir l’intégrer dans sa vie. La pression sociale a aussi un rôle ralentisseur dans l’adoption de cette nouvelle pensée.
La seconde étape, c’est réduire tout ce dont nous n’avons pas besoin. La réduction permet de simplifier nos vies et par conséquent d’être moins stressé. Cela permet aussi de prendre conscience des enjeux de la surpopulation, de la consommation qui va avec, ainsi que de la diminution des ressources naturelles. Dans un monde fini, il ne peut pas y avoir de ressources infinies. En réduisant, nous contribuons à un monde plus juste en ne prenant pas ce qui devrait revenir à d’autres.
Remettons donc en question tous nos achats. En avons-nous vraiment besoin ?
Ce que nous ne pouvons ni refuser, ni réduire, il nous faut le réutiliser. Cette troisième étape est le point central de la pensée zéro déchet. Nous nous attaquons directement par cette étape à la consommation à outrance, car la réutilisation est un excellent moyen pour ne pas consommer inutilement et par conséquent de ne pas extraire de nouvelles ressources du sol.
Souvent, réutiliser est confondu avec recycler. C’est la force du « green washing » : permettre de ne pas remettre en question le modèle économique et la façon dont l’industrie se sert de nous. Par un habile tour de langage, on essaie de nous faire croire que consommer de l’eau en bouteille n’est pas grave, car l’industrie va « réutiliser » ces bouteilles pour en faire des textiles. Mais ce n’est qu’une façon de parler, car il s’agit bien là de recyclage. La réutilisation, c’est maximiser l’usage de l’objet dans sa forme manufacturée donc réparer, repenser, récupérer…
Vient ensuite la quatrième étape, rendre à la terre, composter. Ce qu’on pourrait apparenter à recycler des matières organiques. L’image est correcte, mais incomplète. Le compostage, c’est nourrir la terre, afin d’y remettre les nutriments que l’homme a retiré. En cela, composter est un acte infiniment plus valorisant que recycler. Le cycle devrait finir ainsi, en rendant à la terre ce que nous lui avons pris.
C’est également réobserver la nature et son fonctionnement, voir grandir une plante, la récolter, la consommer et rendre à la terre ce qu'il reste pour nourrir d’autres plantes.
Pour terminer, il y a l’étape du recyclage quand nous n’avons pas pu refuser, réduire, réutiliser ou composter. Pour moi, cette étape est celle de l’échec, car le recyclage dépend de bien trop de facteurs extérieurs pour réussir.
Il faudrait :
plus de communication entre les entreprises qui produisent et celles qui recyclent, afin de créer des matériaux hautement recyclables ;
plus de connaissances de la part des consommateurs sur les règles de recyclage de leur localité ;
plus d’effort des municipalités en ce qui concerne le ramassage et le traitement des objets difficiles à recycler ;
plus de conscience étatique, mais aussi collective, sur l’envoi des recyclables à l’étranger ;
pour finir plus d’encouragements envers l’upcycling (valorisation des déchets qui pourront être recyclés à plusieurs reprises) plutôt que le downcycling (transformation d’un déchet en un produit de moins bonne qualité et non recyclable.).
Nous ne pouvons pas changer le passé, mais chacun d’entre nous peut influer sur l’avenir, faire sa part pour changer le monde que nous laisserons derrière nous. Cela passe par l’éducation de nos enfants, j’en suis convaincu. Ce qu’ils feront du monde dépend pour l’essentiel de ce que nous leur transmettons comme valeur et comme exemple.
Voulez-vous que les prochaines générations puissent encore habiter notre belle planète ou préférez-vous léguer la culpabilité de vivre dans un monde rongé par le consumérisme ?
La différence fondamentale sera dans l’avoir ou l’être. De quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ? De possessions à faire briller aux yeux des autres ou bien de liberté, d’échanges, de savoirs et de sensations ?
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